Looking at the picture of your life ll Isaac

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Isaac R. Vaughan & Koralyne McTyler

" Je pense que nous allons pouvoir laisser ces panneaux ici pour ce soir, le lycée est fermé à clé. Je vous laisse tout mettre en place pour la partie "Films Dramatiques" de demain. "

Et sur ces paroles, le directeur du cinéma Escape quitta les lieux. Koralyne échangea un regard avec les deux autres employés qui, comme elle, avaient été réquisitionnés pour s'occuper de l'exposition. Cette exposition était une idée du proviseur d'Hanover High School, et il leur avait gentiment cédé le rez de chaussé de tout un bâtiment pour mettre en place leur exposition, qui devait duré trois jours. Durant ces trois jours, trois catégories de films allaient être mis en avant. Aujourd'hui, cela avait été les films de science-fiction. Des affiches et mini figurines de Star Wars et compagnie trônaient sur les murs. Les rideaux avaient été tirés, et des lampes bleutés avaient été placées un peu partout.
Mais tout ceci allait disparaître, pour laisser place à la catégorie dramatique du cinéma. Pendant que ses deux collègues se chargeaient de ranger les figurines et les affiches, Koralyne se chargea de changer les filtres des lampes. Le bleu ne convenait pas pour les films dramatiques, et elle plaça des filtres blanc, plus neutres. Puis elle vérifia qu'il n'y avait personne trop près, et s'occupa de déplacer les étagères en bois, utilisant sa force de louve pour cela, et se félicitant de ne pas être une simple fille toute fragile et sans force. Cela fait, elle ouvrit une caisse remplie d'affiches de films, et les mit en place.

Il était déjà plus de 16h, et la majorité des lycéens avaient quittés les lieux. Il ne restait plus que quelques professeurs, et les élèves des divers clubs du lycée. Le bâtiment dans lequel avait lieu l'exposition n'était pas le plus grand, ni le plus visité, mais ils avaient eu pas mal de visites. Koralyne doutait sérieusement que la partie dramatique ait autant de succès. Qui aimait les films tristes? Koralyne ne les supportait pas. Cela lui rappelait trop de choses, des choses bien trop douloureuses.
Lorsqu'elle mit en place les affiches d'un film qu'elle avait vu, quelques années auparavant, sa gorge se serra légèrement. Le film parlait de deux jeunes lycéens, qui tombaient amoureux de l'autre, mais la jeune fille finissait par mourir. C'était un peu différent de son histoire, mais elle contempla l'affiche avec amertume.

" Koralyne, il faut que nous y allions, tu peux t'occuper du reste? "

Koralyne hocha la tête sans vraiment s'en rendre compte, et sentit que ses collègues passaient à coté d'elle. Elle se détourna de l'affiche, désormais seule dans le couloir, et se saisit de l'énorme caisse sans effort, pour aller la poser dans la salle de classe qui leur servait à entreposer leur matériel. Dorénavant seule, elle en profita pour ôter l'énorme pull qu'elle s'était forcée à porter. Quand elle était seule, elle pouvait se permettre de rester en débardeur, vu qu'elle ne craignait pas le froid. Mais en public, si elle voulait passer inaperçue, elle était obligée de s'habiller comme les autres. Pourtant, son corps avait une température suffisamment élevée pour ne pas sentir le froid, mais elle n'avait pas vraiment le choix. Avec un soupir de soulagement, elle se retrouva en t-shirt, et se saisit d'une autre caisse qu'elle posa sur son épaule. Elle aperçut alors un jeune homme, debout devant l'affiche qu'elle avait contemplé quelques instants auparavant. D'un geste souple, elle posa la caisse par terre, et huma doucement l'air. Une fragrance douce, et surtout humaine. Elle entendit le battement d'un coeur, un battement un peu trop rapide d'ailleurs, et en inspirant une seconde fois, elle sentit une odeur que les humains dégageaient lorsqu'ils étaient troublés, perturbés.. Elle déglutit et se mordit la lèvre inférieure.

" Excusez-moi, l'exposition est terminée pour aujourd'hui. Je suis en train de mettre en place les affiches pour demain. " lança-t-elle en s'approchant.

Arrivé près de lui, elle constata qu'il était un peu plus jeune qu'elle, et qu'il semblait non seulement perdu dans ses pensées, mais également profondément troublé par quelque chose.

" Demain nous passons à la catégorie dramatique. " l'informa-t-elle. " Ce film a eu du succès quand il est sorti, mais il est bien trop triste pour moi. Perdre ainsi la personne qu'on aime, c'est.. "

Elle s'interrompit, non pas parce qu'elle ne savait plus quoi dire, mais parce que l'émotion la submergeait et que sa gorge se serrait. Elle resta silencieuse, le regard fixé sur cette affiche stupide.

**Invité** Invité

Driiing Driiing Driiing

Le bruit commençait à s'estomper et plusieurs minutes passèrent avant que cela ne recommence, le bruit incessant d'une sonnerie de réveil que vous n'avez pas envie d'entendre, cette alarme qui vous rappelle sans cesse que vous devez vous réveiller, sortir de vos songes les plus enfouis. Laissant passer la sonnerie, sachant que dans quelques minutes celle-ci s'arrêterait pour de bon. Une forme se mouvait dès lors dans les draps de son lit sortant de ses rêves pour débarquer dans le vrai monde.

Un corps difforme remplit de fatigue sortant de son lit, se traînant quasiment pour se diriger vers la salle de bain. Il n'était pas particulièrement tôt, Isaac n'avait pas été se coucher si tard la veille, il n'avait pas fait grand-chose de spécial, mais le jeune homme était quand même assez fatiguer et sur le moment on pouvait le confondre avec un vieil homme d'un âge assez avancer, laissant traîner ses pieds sur le sol, les bras pendant le long de son corps, les yeux à moitié fermer et le visage apathique étaient de sortie en cette matinée pluvieuse.

Allant donc se préparer pour cette nouvelle journée qui commençait il fallait bien se mettre d'aplomb pour aller au lycée et si Isaac s'écoutait et se laisser aller ça ferait longtemps qu'il serait parti vers son lit pour se rendormir et ne pas aller en cour, mais que voulez-vous la raison et plus forte que les envies. Passant de la chambre à la salle de bain pour se passer un coup d'eau sur le visage, car il fallait bien se réveiller, pris une douche, se lava les cheveux, les dents, puis s'habilla d'un jean normale un peu large avec un t-shirt vert foncé à rayures de couleur chocolat en col en v. Retournant dans sa chambre pour préparer son sac, il y engouffra tous ses cahiers de cours et ses livres avant de le fermer et de le traîner jusque dans la cuisine, le jeune homme ouvrit la porte du frigo, pris une pomme et quitta l'endroit avec véhémence, sac de cours dans la main gauche, sket-board dans la main droite, écouteurs d'I-pod dans les oreilles et il était parti.

Ne se souciant guère des piétons qui arrivaient en face de lui, ou des feux qui jalonnaient les carrefours, quitte à se faire renverser autant que ça ce fasse aujourd'hui. Virevoltant comme un oiseau dans le ciel, le jeune homme avançait sur le bitume à une vitesse fulgurante pour ne pas arriver en retard au lycée. Passant de routes en routes, s'engouffrant dans les rues, Isaac vit enfin l'enceinte de son établissement scolaire, qui apparemment vu l'entassement de personnes qui se trouvaient devant la grille n'était pas encore ouverte et seulement quand il s'arrêta net devant l'énorme porte d'acier la voie fut opérationnelle et c'était donc l'heure pour les cours de commencer.

La journée passa assez vite, comme d'habitude et le temps ne se fit pas sentir. Dehors il pleuvait légèrement et de la neige était mêlée à cette pluie, le ciel quant à lui était assez grisonnant mais rien d'alarmant, l'heure du déluge n'était pas encore arrivé. Quant la dernière sonnerie de la journée retentit dans les oreilles de chacun, les élèves ne mirent pas longtemps pour ranger leurs affaires, puis se lever et enfin partir par la porte pour rentrer chez eux. Isaac, lui moins pressé que les autres déambulait dans les couloirs maintenant vide de l'établissement ou si peu de temps auparavant se trouver une populace folle, maintenant ne régnait plus que désolation, entre le sol jalonnait de détritus en tout en genre et toutes les affiches collaient sur les murs, il y en avait pour tous les goûts.

Voyant une affiche collait sur le mur, une affiche intriguante, parlant de la cinématographie et apparemment une exposition avait lieu en ce moment, dans ce lycée et comment cela ce fasse que Isaac n'est pas eu vent plus tôt de cette fameuse exposition ? Intrigué il se dirigea vers le bâtiment ou avait lieu le rendez-vous, mais, quelle idée saugrenus aussi de l'avoir entreposé dans le bâtiment de l'établissement le moins fréquenté .. Marchant assez rapidement vers l'endroit indiqué et enfin il fut arrivé, des banderoles étaient attachées en hauteur, des affiches collaient sur les murs apparemment les films présentaient aujourd'hui étaient voués à la Science-Fiction, il n'y avait plus personne dans la salle appart une fille déplaçant des cartons plus ou moins lourd.

Se postant devant une affiche qui n'avait aucun rapport avec la Science-Fiction, Isaac essayait d'en déchiffré le sens, apparemment cela était un film d'amour entre deux lycéens et dont la petite amie décédait tragiquement, hasard ? Le regard du jeune homme se troubla et des pensées bien enfuies au fond de lui refis surface, mais tout d'un coup pendant que Isaac rêvassait une voie féminine vint l'intercepter pendant ses songes, l'interpellant pour lui dire que l'exposition d'aujourd'hui était fini et qu'elle était entrain de placer de nouvelles affiches pour demain d'où la fameuse affiche qui n'avait rien en commun avec le sujet de la Science-Fiction .. Continuant de fixer l'affiche du film dramatique, la jeune fille reprit la parole pour dire à Isaac que demain le sujet d'exposition serait les films dramatiques, le jeune homme n'avait pas eu besoin qu'ont lui dise pour le savoir, rien que en voyant l'affiche du long métrage et il avait déjà compris, la jeune employée continua de parler mais, mine de rien Isaac l'écoutait, perdu en même temps dans ses propres pensées jusqu'à que cette dernière s'interrompit.

< C'est ? Perdre la personne que l'on aime c'est simplement un fait réel de nos vies non ? Ce film est trop triste pour vous ? Mais vous savez la tristesse fait partie intégrante de notre existence. Vous ne trouvez pas ? > Engagea le jeune garçon, il n'avait même pas pris la peine de regarder son interlocutrice toujours aussi troublait qu'un simple film puisse relaté aussi bien sa propre vie que sa propre expérience.

Le jeune homme s'était plongé dans l'affiche, et Koralyne étudia son profil. Il ne devait pas avoir plus de 18 ans. Brun, l'air fatigué, mais surtout l'air triste. Il avait l'expression de quelqu'un qui en a bavé, qui sait de quoi la vie est faite en réalité. Il ne ressemblait pas aux lycéens que Koralyne avait croisé jusqu'à présent. Il n'avait pas cet air d'insouciance et de liberté que tous les jeunes arboraient. Gravé dans sa chair au fer rouge, inscrit dans son regard, il y avait l'écho d'un passé douloureux, qu'il semblait revivre par la simple vision de cette affiche. Koralyne resta songeuse un instant, avant de réaliser qu'il venait de parler. Comme il ne s'était pas tourné vers elle, elle n'avait pas saisi qu'il avait ouvert la bouche, et elle déglutit à nouveau, pour chasser la boule qui lui obstruait la gorge.

" Je ne pense pas que cela soit vrai. Je ne pense pas que la tristesse fasse partie intégrante de notre vie. " dit-elle doucement en reprenant les mots du garçon.

S'éloignant de quelques pas, elle se saisit d'une autre affiche, l'affiche d'un film qui avait fait un véritable carton au cinéma, puis en DVD. Les gens se l'étaient littéralement arraché. Elle l'accrocha soigneusement près de celle que le garçon contemplait, et la désigna du menton.

" Notre vie n'est pas sensée être traversée de moments aussi tragiques que la perte d'un être cher. Nous ne sommes pas voués à souffrir, je parle de cette douleur là, bien sûr. Il y a des gens qui vivent longtemps, et très heureux, entourés des gens qu'ils aiment. Ils ne connaissent pas la "vraie" tristesse. Vous les humains, vous éprouvez de la souffrance, vous pleurez, parce qu'il vous arrive quelque chose de malheureux. Mais cela ne reste qu'un vague remous dans votre existence. Une vraie douleur, celle dont tu parles, n'est pas un passage obligatoire dans une vie d'homme. "

Elle ne se rendit pas compte qu'elle le tutoyait, et encore moins qu'elle dissertait de ce dont devait être fait une vie humaine. De son avis à elle, une vie n'était pas forcément jonché d'obstacles, et de malheurs. Certains avaient juste de la chance, et d'autres non. Koralyne n'avait pas eu de chance, pas du tout. Si elle n'était pas née louve, par exemple, si ses soeurs avaient été des humaines normales, elles seraient toutes en vie. Koralyne vivrait encore en Angleterre, et serait sagement entrée à l'université pour y suivre des études en commerce, comme elle le souhaitait. Elle aurait épousé Pehaul, plus tard. Elle aurait été heureuse, et n'aurait jamais véritablement connu de drame. Mais les choses ne s'étaient pas du tout passées de cette manière, et elle avait connu la véritable douleur, celle qui vous transperce le corps, vous broie les os, vous arrache le coeur pour en faire de la bouillie, et ne laisse, au final, qu'une carcasse vide qui ne peut que pleurer, et encore pleurer. Koralyne était passée par cette terrible phase. Elle était pratiquement morte, pendant un moment. Mais maintenant, elle allait mieux, et elle revivait tout doucement. La douleur, toujours présente, lui rappelait ce qu'elle avait traversé, et elle ne serait jamais tranquille, elle le savait. Mais elle parvenait à respirer sans s'étouffer sous le poids de son chagrin, et c'était déjà bien.

" Je n'aime pas les films tristes, parce qu'ils sont le reflet de ma réalité. Mais ce qui est réel pour moi ne l'est pas forcément pour les autres. Tout le monde ne pleure pas pour une bonne raison. " lança-t-elle. " Ces films ne racontent pas toujours des histoires vraies, d'ailleurs. Alors que certaines larmes le sont. Tu comprends? Il y a du malheur, mais pas forcément du vrai malheur, pas tout le temps, pas pour tout le monde. "

Elle hocha la tête, ne parvenant pas vraiment à mettre des mots sur ce qu'elle voulait exprimer.

" Tu es lycéen ici? Tu aimes le cinéma? " dit-elle alors.

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