Retrouvailles... [PV Isillie]

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La bourrasque de vent qui balaya soudain la rue fut sans effet sur Chelsea, qui ne frissonna même pas. Elle aurait pu s'y essayer, mais l'idée de faire comme un humain la révulsait, car, de plus, elle était ici pour prendre un déjeuner. Peu de gens pensaient que les biches se risquaient dans les grandes villes, et la jeune femme faisait partie de ce groupe. Donc, il était clair et net dans sa tête que l'en-cas n'aurait rien d'animal, même si elle étancherait la fin de sa soif dans la forêt. S'avançant au rythme de cliquetis qui provenaient d'une porte, Chelsea pesait chacun de ses pas, jaugeant du regard les alentours, consciente que vu le nombre important de personnes qui se trouvaient là, elle ne devrait pas se faire prendre. La rue était bondée, ce qui aurait pu décourager la vampire. Bien au contraire, elle avait hâte de trouver une proie intéressante, et, si possible, se faire prendre par quelqu'un pour user de son agilité et de sa vitesse, inhumaines.

Cependant, la proie fut longue à être découverte, et Chelsea détailla bon nombre de personnes avant de trouver la bonne. Un jeune homme qui venait de sortir d'un magasin passa près d'elle. Légèrement cachée par un mur qui donnait sur un étroite ruelle noire, celle où elle se trouvait, la jeune vampire posa un doigt sur l'épaule de l'homme qui se retourna, pour voir à qui il avait à faire. Ses yeux s'illuminèrent automatiquement quand il l'avisa du regard, pensant sans doute qu'une jolie fille - c'était peu dire - avait flashé sur lui. Chelsea tira sa manche et le fit entrer à son tour dans la ruelle, à l'abri des regards. Là, elle utilisa toute sa concentration pour ne pas le vider aussitôt de son sang, et l'observa pendant de longs instants avant de se décider. Alors que l'homme pensait sans doute qu'elle allait l'embrasser, elle plaqua ses dents contre la peau de ce dernier qui hurla. Hurlement qui fut étouffé par la main de Chelsea.

Lorsque sa proie fut vidée de son sang, Chelsea examina avec attention les alentours, vérifiant que personne n'avait aperçu la scène, et tira le corps immobile du jeune homme au bout de la petite rue. Là, elle vit qu'aucun passant n'était présent dans aucune des ruelles. Impulsivement, elle ne put tout de même s'empêcher d'accélérer le mouvement. Elle qui disait vouloir se faire prendre n'était en fait pas plus courageuse qu'une poignée de fourmis. Elle grogna, ce que était dû au fait que ses pensées échappaient une fois de plus à sa pensée, et chargea sa victime sur son dos. Des immenses containers se dressaient à proximité ; elle en entrouvrit un et fit basculer le corps de l'homme à l'intérieur. Satisfaite, elle entreprit une dernière fois de vérifier si personne n'était présent et se coula hors de cette ruelle encore plus sombre que les autres. Revenue à son point de départ, elle resta de nouveau cachée derrière le mur.

Soudain, alors qu'elle allait se glisser au milieu de la foule, en tentant de ne pas déchiqueter un deuxième inconnu, un mouvement à la périphérie de sa vision lui fit tourner la tête. Rien. C'était... étrange. Elle était pourtant certaine d'avoir aperçu quelques chose, et ses sens ne la trompaient jamais, encore moins après trois siècles d'existence. L'odeur qui régnait entre les murs de pierres grises était celle d'un vampire, teintée d'une once de sang humain, provenant de la victime de Chelsea. Tandis qu'elle pensait que ces odeurs combinées n'étaient que la sienne et celle de son ancienne proie, un changement infime dans l'air la fit changer d'avis. Une nouvelle effluva parvint à ses sens surdéveloppés et elle y décela la présence d'un être de sa race. Sans doute n'était-elle pas la seule buveuse de sang attirée par le danger, ce qui était probable. Mais pourquoi l'inconnu ne se présentait-il pas ? Intriguée, elle avança lentement, ce qui fut une torture pour elle qui était de nature curieuse, et tourna à l'angle de la minuscule rue. La jeune vampire n'était pas quelqu'un de facile à impressionner, et il en fallait beaucoup pour parvenir à la surprendre. Pourtant, ses yeux rouges s'écarquillèrent sous le coup de la surprise...

Ses beaux cheveux blonds volant sous l'effet du vent artificiel, Isillie avançait d'une démarche chaloupée sur le podium. Sa longue robe d'un rose poudré volait derrière elle, sans pour autant gêner ses mouvements. Tous les regards se fixaient sur elle, émerveilles par tant de grâce et de beauté. La jeune vampire quant à elle, s'efforçait simplement de ne pas céder à la tentation et de ne pas planter ses canines acérées dans le cou d'un de ses admirateurs. Elle exécuta parfaitement son demi-tour et repartit vers les coulisses du défilé. Il lui restait encore trois passages, ensuite elle pourrait aller chasser. cela n'occupait qu'une minuscule part de son cerveau, elle n'avait besoin de monopoliser son esprit pour se déhancher ainsi : c'était naturel. Soudain hors de vue des humains, elle fila si rapidement que sa silhouette en devint floue et attrapa une robe plus courte, recouverte de rubans colorés. REprenant une attitude humain, elle se laissa maquiller sans broncher puis vint de tour de repasser. Ses beaux yeux d'ambre n'exprimaient rien, ils étaient vides de toute émotion. Sa peau blafarde luisait faiblement sous les éclairages tamisés mais personne ne se doutait de sa véritable nature.

Lorsque les applaudissements retentirent, elle était avec toute l'équipe, en train de saluer la foule enthousiaste tout en jetant des coups d'oeil aux juges. Le jeune créateur pour lequel elle avait accepté de défiler méritait de réussir, sa beauté l'y aiderait sûrement. Indifférente, elle remarqua à peine qu'on lui réservait l'ovation la plus bruyante et retourna en coulisse sous les cris de félicitations. Dans les loges réservées aux mannequins, l'atmosphère était électrique. Toutes étaient ravies du succès et projetaient d'aller boire un coup en ville.

- Eh Isi ! Tu viens avec nous ? demanda une jeune femme brune, Absinthe lui semblait-il.

Isillie refusa poliment, prétextant qu'elle avait un mémoire à faire. Elle était la seule mannequin à être encore étudiante et les autres se sentaient vraiment inférieures car bien qu'Isi soit la plus "jeune", elle était la plus cultivée, douée et appréciée des stylistes. La jalousie les étreignaient, et la belle vampire s'en rendait compte, mais elle essayait de passer outre et d'entretenir des relations amicales avec ces jeunes humaines. Mais si elle allait s'empiffrer avec elles, ça ne leur plairait pas du tout, pensait-elle avec amertume. Eut-elle été une humaine, elle aurait u s'amuser, vivre en un mot ! Mais sa condition de vampire sanguinaire, solitaire et assoiffé ne lui permettait rien... Elle se rhabilla, enfilant une longue tunique en soie crème, un jean serré et un blouson en cuir marron clair, des vêtements offerts par les créateurs. Et le pire, c'est qu'elle avait assez d'argent pour les payer, argent qui dormait au fond de sa villa.

Disant au revoir à ses collègues qui l'enlacèrent sans se soucier sa sa peau glacée, elle se dirigea vers la rue principale, toujours perdue dans ses pensées. Elle observait autour d'elle, grâce à son don et ses sens aiguisés. Elle percevait tout : les bruits perçants des marchands qui proclamaient leur produits, les odeurs terreuses de la nourriture humaine, les accrocs et les taches sur les vêtements d'une jeune femme et .... une enivrante odeur de vampire - un mélange de lavande, de soleil et de neige - et de sang humain ! Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : un vampire prenait son déjeuner ! Instinctivement, Isillie se dirigeait vers l'odeur de sa nourriture naturelle. Ses pas la portait dans une ruelle sombre, mal famée, à moitié recouverte de poubelles débordantes. Malgré l'obscurité, elle percevait le corps , le cadavre plutôt, d'un homme vidé de son sang. Au milieu de l'allée se tenait une belle vampire : sa peau pâle étincelait faiblement, ses immenses et sublimes cheveux blonds s'agitaient au gré du vent à l'instar de ceux d'Isi. Ses prunelles d'un bordeaux soutenu avaient l'air hébétées, tout comme celles dorées d'Isillie. Cette dernière était surprise, et cela était plus que rare. En trois cents ans d'existence, rien ne l'avait étonné et elle se croyait immunisée, blasée. Mais là, dans cette ruelle nauséabonde, elle avait écarquillé ses beaux yeux d'ambre et en avait presque laissé tomber ses lunettes de soleil, qu'elle tnait à la main.

Se tenait devant elle son reflet dans un miroir, ou presque. Elle était choquée et un vieux souvenir, humain sans doute, raviva la flamme de son esprit. Elle regardait à travers l'embrasure d'une porte. Une petite main d'enfant ouvrit un peu plus pour mieux voir et Isi mit longtemps avant de comprendre que c'était la sienne. Une fois que la scène eut un sens, elle observa ce qui s'y déroulait : une femme ruisselante de sueur et de sang - sa gorge la brula - tenait sur son sein un minuscule cadavre encore chaud ; une petite fille, sa petite soeur. Ce flash-back prit fin et laissa Isillie déconcertée. En fixant la vampire en face d'elle, elle hoqueta presque de stupeur : la ressemblance entre les deux vampires était frappante... A deux doigts de craquer, elle mordit sa lèvre granitique, sensation étrange alors que ses dents entamait la pierre qui se refermait aussitôt, et entreprit de prendre la parole. Mais elle ne pouvait s'y résoudre et attendit que la blonde en face d'elle commence. Etait-il possible qu'un vampire éprouve des sensations aussi... humaines ?!

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C'était vraiment... étrange. Depuis les années qu'elle avait passées seule à continuer le cours de sa vie, Chelsea ne s'était jamais appropriée une personnalité douce et courtoise. Fonceuse dans l'âme, elle avait, depuis sa transformation, pris la mauvaise habitude de foncer et de parler après. Mais là, elle était, en quelque sorte, figée. Non pas parce que la jeune fille qui se tenait en face d'elle avait des yeux couleur ambre, mais parce qu'elle avait l'impression de lui ressembler fortement. Non, elle ne lui ressemblait pas. C'était plutôt l'inverse, l'inconnue lui ressemblait, car, indéniablement, Chelsea paraissait plus âgée. Autant par sa taille, qui était plus imposante, mais également par son visage qui laissait plus transparaître des émotions adultes. Cependant, les deux jeunes femmes ne devaient pas avoir plus de deux ou trois ans d'écart. La même blondeur, les même traits similaires, c'était... étrange.

La suspicion s'installa très vite dans l'esprit de la jeune femme quand elle abandonna quelques instants les ressemblances pour s'attarder sur les yeux orangés de la jeune fille qui se tenait en face d'elle. C'était une vampire, la question n'était pas là, mais la couleur de ces iris déconcertaient Chelsea au plus haut point. Une fois passé le moment de la surprise, c'était maintenant celui du questionnement intérieur. Des tas de questions se bousculaient dans son esprit, et faire un tri dans toutes ces interrogations relevait de l'impossible. Si tant et si bien que Chelsea ne tenta même pas de frôler cette possibilité ; elle s'avancea à pas lent vers la nouvelle venue, et planta ses yeux rouges dans ceux dorés de l'inconnue. Même si elle ne la connaissait pas et que la politesse aurait dû être de mise, elle ne s'en encombra pas. Cette jeune fille lui ressemblait trop pour qu'il y ai une réelle coïncidence sous cette histoire, et Chelsea sentait bien que la situation risquait de ne pas tourner à son avantage.

- On se ressemble, t'as vu ? C'est fou ce que la nature peut être bien faîte... Malheureusement, quelques fois, ça cache des secrets trop bien gardés à mon goût.

Alors qu'elle allait se détourner, l'hypothèse que cette vampire soit différente d'elle-même atteint son esprit. Ses yeux ambrés en attestaient, mais jusque là, Chelsea pensait juste que c'était une affaire de hasard. Pourtant, à bien y réfléchir, aucun des buveurs de sang qu'elle avait croisés n'avaient des iris aussi clairs. C'était peut-être une coïncidence, là aussi... Mais c'était trop absurde, trop difficile à imaginer, vraiment tiré par les cheveux. Pourquoi aurait-elle eut droit à deux choses bizarres en l'espace de quelques minutes à peine ; finalement, la nature n'était pas si bien faîte que ça, si l'on s'attardait un instant sur ce qu'il se passait en son sein. Troublée sans qu'elle ne veuille se l'avouer, elle stoppa donc son demi-tour qui était à moitié effectuée, et prit une position qui se voulait sérieuse. Ses yeux détaillant sans réel intérêt le sol gris froid de la rue, Chelsea finit par planter de nouveau ses yeux dans ceux de l'inconnue. Si sa soeur n'était morte à l'heure qu'il était, la nouvelle venue aurait très bien pu l'être. Mais ce n'était pas... impossible. Refusant mentalement cette hypothèse, elle préféra la laisser quelques secondes de côté, car sinon, elle risquait de sauter à la gorge de la vampire. Une rage froide l'envahit, et son regard qui se voulait apaisant et rieur quelques secondes auparavant ne tarda pas à se faire distant et dénué de gentillesse.

Alors qu'elle envasageait sérieusement de torturer sa nouvelle proie pour lui faire avouer d'où elle venait, une once de raison traversa son esprit. Ses méthodes nétaient pas... conventionnelles envers les humains, alors, il lui semblait impossible de les appliquer sur une vampire. Même si c'était vraiment tentant. Très tentant. Mais pour l'instant, sa gorge la démangeait affreusement, ce qui lui semblait normal, car elle n'avait pas bu son quota de sang habituel. Alors qu'elle envisageait une nouvelle fois de se résoudre à partir enfin pour chasser un animal dans la forêt, elle sentit le regard de l'autre jeune fille posé sur elle. Que dirait-elle, elle aussi, si Chelsea lui racontait qu'elle buvait du sang humain, et du sang animal ? La trouverait-elle bizarre, idiote, agacante, insconciente, ou autre chose ? Comme d'habitude, sa tête s'affaissa légèrement à cette pensée ; la promesse qu'elle s'était faîte à elle-même n'était pas simple, et encore moins applicable, mais elle devait tenir, pour elle et son estime de soi qui n'en menait pas bien large. Enfin, tout dépendait du domaine étudié. Soudain, elle ne put se retenir, et prononça à voix haute la question qui la démangeait depuis plusieurs minutes.

- Pourquoi t'as les yeux dorés ? Les vampires ne peuvent avoir que les yeux rouges, qu'est-ce que t'as de spécial ? T'es une demi-buveuse de sang ?

Alors qu'elle finissait à peine sa phrase, l'envie de se gifler violemment la prit de court. Ces phrases étaient dénués de tact et pour peu qu'elle soit tombée sur une vampire sanguinaire, l'affrontement n'allait pas être des plus simples. Mais jusque là, rien de prouvait ses folles élucubrations...

Isillie prit le temps de ranger soigneusement ses lunettes de soleil dans son sac pour se calmer. Elle était désorientée pour la première fois depuis des siècles et cela lui faisait peur. La fille en face d'elle se composa un visage souriant et avenant complètement inutile. Elle était sauvage et Isillie n'en avait plus rien à faire des politesses. Une idée improbable venait de germer dans son esprit, avec des "Et si..?", on pouvait refaire le monde... Et si la blondinette était le bébé de son souvenir ? Comment était-ce possible ? Elle serait donc sa soeur ? Impossible... Elle refoula ces pensées pour s'efforcer de se concentrer. L'autre lui parlait de ressemblance et de secrets. Oh que oui des secrets, il y en avait ! Si toute sa vie humaine et vampirique elle s'était basée sur des mensonges, comment pourrait-elle accepter cette idée ? De rage, sa poigne de granit se referma sur les lunettes et les brisa. Le verre teinté se répandit de partout dans son sac, laissant des morceaux tranchants qui n'entamèrent pas sa peau. Elle pensait avoir compris quelque chose, mais il faudrait qu'elle en sache plus pour être fixée... Tout d'abord, il lui fallait faire connaissance avec cette vampire si banale :

- Oh oui elle est bien faite, un peu trop même. Et les secrets sont faits pour être divulgués...

Pendant qu'elle sortait machinalement cette réponse sans queue ni tête, un plan germa dans son esprit. Cela n'était pas du tout dans ses habitudes de se servir de quelqu'un bien au contraire, mais aujourd'hui elle allait le faire et d'une façon assez machiavélique. La vampire en face dont elle ignorait jusqu'au nom pouvait très bien être sa soeur, il lui fallait le découvrir. Elle devrait être patiente pour mieux la connaître, elle saurait ainsi si les dates coïncidaient et si elle avait véritablement eu une soeur. Elle se demandait en même temps à quoi bon tout cela, elle pouvait tout aussi bien oublier la rencontre de cette après-midi et rentrer chez elle comme tous les soirs... Mais elle avait envie d'action, et surout de mieux se connaître elle-même. Elle devenait curieuse, curieuse d'en savoir plus sur la jeune femme en face d'elle. Et si elles étaient vraiment soeurs, elles pourraient très bien s'entendre et ainsi ne plus jamais être seules... Elle serait si heureuse... Elle eu soudain honte d'avoir voulu se servir de son interlocutrice comme d'un vulgaire jouet, au pire, elles pourraient très bien être amies ! Elle semblait inconsciente et enfantine, comme une éternelle adolescente si différente de la très mûre Isi ! A coup sûr, elle aussi rêvait de s'amuser avec une fille de sa race, Isillie en aurait mis sa main au feu.

Mais soudain, la blonde reprit la parole d'une voix geignarde, bien que musicale. Elle semblait curieuse mais elle était si impolie qu'Isillie et ses principes eurent soudain envie de la gifler. Ses prunelles prirent un éclat rouge et elle se mordit à nouveau la lèvre pour éviter les dégâts. Elle en avait plus qu'assez des réactions vampiriques ! Elle répondit donc d'une voix glaciale qui laissait sous-entendre un mépris terrible. Au diable ses rêves d'amitié, elle était vraiment énervée désormais !

- Je ne touche pas aux humains, j'arrive à me contrôler moi, dit-elle en désignant du menton le cadavre près des poubelles.

Elle respira inutilement et ses pupilles reprirent leur initiale couleur dorée. Alors qu'elle s'apprêtait à dire quelque chose d'aussi méprisant -voire pire- la blonde en face parût décontenancée. Isillie l'observa alors de plus près : ses prunelles rubis -éclatantes grâce à sa très récente partie de chasse- étaient teintées d'une léger orange. Elle aussi buvait le sang des animaux ! Isillie se sentit moins seule tout à coup, et elle s'en voulu d'avoir été aussi méchante. Pour reprendre une façade agréable et gentille, elle se présenta d'une voix un peu curieuse et si belle que l'on aurait cru entendre des clochettes :

- Je m'appelle Isillie Hadington, je suis née en Angleterre il y a trois cent ans... Et toi ?

A l'évocation de son nom, l'autre sembla avoir un nouveau choc. Mais que se passait-il enfin ? Isillie était de plus en plus perdue...

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