Its not the time for war... yet (PV- Edward)

Emmett attendait à l'extérieur de l'hôtel. Il faisait les cents pas, en tentant de garder un rythme humain dans sa démarche afin de ne pas alerter les humains qui marchaient dans la rue. Il salua de la tête un type qui allait en cours avec lui, au début de l'automne, avant qu'Emmett ne décide d'abandonner les cours, trouvant cela inutile. Après soixante-dix ans, il commençait à en avoir mare d'étudier dans le vide, pour les apparences. Il y avait assez de jeunes de vingt ans qui n'allaient pas à l'Université, alors pourquoi lui s'y forcerait. De toute façon, les études étaient le moindre de ses soucis à ce moment là. Trop de chose étaient arrivées en quelques mois. La depression de Rosalie, les dangers qu'entouraient les Cullen, Mathilda, les chasseurs... Même en n'ayant aucun besoin de dormir, Emmett n'avait pas le temps pour les études.

Toutes ces choses rendaient la vie difficile à la famille Cullen. Le pire dans toute cette histoire, c'était que cette famille se déchirait. C'était, en quelque sorte, la raison de la présence d'Emmett au Minx Hotel. Edward et Bella s'étaient installés à cet endroit, afin de protéger la jeune humaine de Mathilda. Malheureusement, la dernière fois qu'Emmett avait vu son frère, les choses ne s'étaient pas très bien passées. Une chose dont Emmett était certain, c'était que les membres du clan devaient rester unis, comme ils l'avaient toujours été. Les choses étaient beaucoup trop compliquées pour qu'une guerre ne se déclenche à l'intérieur même du clan. Edward était trop têtu pour y faire quoi ce soit et Emmett savait que c'était à lui de faire les premiers pas.

Bien sur, Emmett aussi avait dut prendre le temps de se calmer de son côté. Si cela n'avait pas été d'Esmée, il serait probablement encore très fâché à l'heure qu'il était. Mais Emmett avait toujours eu une relation très tissée avec sa mère adoptive, et il n'avait pas eu le choix de l'écouter lorsqu'elle vint lui faire part de ses inquiétudes. Elle n'aimait pas voir les deux frères se disputer, et Emmett n'aimait pas se disputer avec qui que ce soit. Surtout que, depuis quelques mois, il était beaucoup plus impulsif et méchant que jamais. Jasper était plus calme, plus tranquil, c'était dans sa nature, tandis qu'Edward se mettait dans tous ces états lorsqu'il s'agissait de la sécurité de Bella. Comme Edward était plus sur ses gardes, et qu'Emmett était marabout plus que jamais, il y avait des tensions qui s'installaient entre eux. Cette dispute n'était pas la première, d'ailleurs.

Les deux vampires avaient quelque chose en commun, ils voulaient tous les deux à tout prix que leur femme soient en sécurité et heureuses. Maintenant Emmett devait assurer la sécurité d'une deuxième personne, Mathilda. Le pire dans toute cette histoire, c'était qu'il n'était pas certain d'apprécier la gamine plus qu'il ne le fallait. Il le faisait pour Rosalie, car rien n'était plus important qu'elle à ses yeux. Quoi qu'il en soit, cela ne lui faisait pas plaisir d'être en désacord avec Edward à cause d'une personne qu'ils n'appréciaient ni l'un ni l'autre. Ils avaient le même principe de base: Protéger et rendre heureuses leurs femmes. Mais c'était à ce niveau que cela ne collait plus. Pour l'un, protéger sa femme signifiait l'éloigner au maximum de Mathilda Volturi, et pour l'autre, rendre sa femme heureuse signifiait de la garder tout près de la petite carnivore. Encore là, Emmett était dégouté par la situation.

Il leva la tête vers le haut de l'immeuble. Il savait que son frère avait prit connaissance de sa présence, car il pouvait aisément capter ses pensées de là où il était. Mais Edward n'était pas Emmett. Et ce dernier savait que son frère ainé n'allait pas l'accueillir avec des embrassades. Il se préparait à recevoir une raclée verbale, malgré le fait qu'il n'avait pas envie de se battre avec son frère. Il n'avait, cependant pas le choix. Emmett ne lisait pas dans les pensées, mais il savait qu'Edward n'avait probablement pas aimé tous les reproches qu'il lui avait fait lors de leur dernière rencontre. Emmett savait aussi qu'il avait été trop loin, bien qu'il avait pensé certaines choses à ce sujet qu'il pensait toujours. Il avait, par exemple, décidé de respecter la décision du couple pour ce qui était de la transformation de Bella, mais il ne comprenait toujours pas cette décision. Pour lui, il serait beaucoup plus facile pour tout le monde s'ils mettaient leurs plans à exécution, mais ils retardaient et retardaient encore l'échéance. Esmée avait fait comprendre à Emmett que, quoi qu'il arrive, c'était leur décision et pas la sienne. Elle avait raison.

Emmett regarda sa montre. Il était là depuis au moins vingt minutes. Il haussa les épaules, probablement qu'Edward n'était pas là, ou qu'il ne voulait pas le voir. Il soupira et décida de retenter le coup un peu plus tard. Il tourna les talons pour rentrer chez lui...

Bien évidemment, Edward avait entendu son frère. S'il y avait des « voix » qu'il reconnaissait entre toutes, c'était bien celles de sa famille. Il le savait en bas de l'hôtel où séjournait le couple depuis un petit moment, et il savait également qu'il était là pour arranger les choses. Néanmoins, il savait tout aussi bien qu'Emmett gardait un avis tranché sur certains points qu'Edward n'appréciait pas du tout. Comme la transformation de son épouse. Esmée avait raison, c'était une décision qui leur revenait à eux, et à personne d'autre. Evidemment, cela avait des conséquences sur toute la famille ! Mais ils l'avaient acceptée. Ils avaient tous dit oui quand Bella avait demandé à entrer dans la famille. Edward n'avait pas du tout apprécié que son frère compare l'arrivée de la Volturi à celle de Bella. Ils ne les avaient jamais mis devant le fait accompli. Ils avaient toujours demandé à sa famille avant d'amener Bella. Il les avait toujours prévenu et seule Rosalie s'était objectée à ce qu'il finisse par céder et entretenir une relation avec Bella.
Certes, même s'il avait choisi de ne pas y céder, les choses auraient été bien difficiles et il aurait eu beaucoup de mal à l'éviter. Néanmoins, quand il avait senti le danger trop proche, il s'en était éloigné. Ce n'est que lorsqu'il avait compris que ça ne servirait à rien qu'il était revenu. Tout le monde savait tout cela dans la famille Cullen et Emmett n'avait pas le droit de reprocher la venue de Bella dans cette famille, maintenant, après l'avoir acceptée.

Et il n'avait pas le droit de comparer cette venue à celle de Mathilda. Rosalie n'avait demandé l'avis de personne, les mettant devant le fait accompli et menaçant de partir au bûcher avec elle s'ils ne l'acceptaient pas. En quoi cela était-ce commun à l'arrivée de Bella ? Edward ne digérait pas les mots portés par son frère, ni même sa position sur la transformation de l'humaine. Aurait-il transformé Rosalie, à sa place ?

Faisant les cents pas dans la chambre de l'hôtel, Edward ne put échapper au regard de son épouse. Elle avait forcément remarqué qu'il était agacé et en colère. Elle lui demanda ce qui se passait et il ne lui répondit pas tout de suite. Mais lorsque, dix minutes plus tard, il n'était toujours pas détendu, elle insista et il n'eut d'autre choix que de lui dire ce qui se passait, bien que cela ne lui plaise guère. Il savait par avance qu'elle l'obligerait à aller parler à Emmett. Ce dont il n'avait aucune envie.

Cessant de marcher, il fit face à son épouse qui attendait une réponse et mit une seconde avant de parler.

Emmett est en bas.

Bien sûr, Bella s'exclama qu'il devait aller lui parler et lorsqu'il lui expliqua que son frère était là depuis déjà dix minutes, elle s'énerva.

Je n'ai pas besoin de lui parler. Je sais déjà ce qu'il pense.

Bella ne laissa pas passer cette remarque et commença à lui faire la morale sur ce pouvoir qu'il avait tendance à utiliser à mauvais escient, ces derniers temps. Edward prit sur lui pour ne pas s'emporter et au bout de dix minutes, il n'eut d'autres choix que de descendre pour parler à son frère. Maugréant, il prit la porte de derrière pour faire face à Emmett quand il tournerait au coin de la rue, puisqu'il avait décidé de quitter les lieux. Edward aurait bien saisi cette occasion pour éviter la discussion mais Bella n'était pas bête et lui aurait reproché de ne pas utiliser son don à bon escient, encore une fois. Il était évident qu'Edward ne pouvait prétendre ne pas savoir qu'Emmett s'en allait...

Ainsi, lorsqu'Emmett tourna à l'angle de la rue, il se retrouva face à son frère, qui affichait une mine sévère et fâchée.

Pourquoi es-tu venu Emmett ? Je sais déjà ce que tu penses et je crois que tu sais ce que je pense aussi. Tu n'as pas changé d'avis, cela ne mènera à rien... et tu ne regrettes même pas ce que tu as dit.

Edward observa longuement son frère, son air surpris en le voyant, son air tracassé en pensant à son épouse, sa fille, Bella tous ces conflits. Le jeune vampire soupira et se radoucit légèrement. Emmett n'avait pas tort sur un point : les conflits internes ne joueraient pas en leur faveur et il valait mieux les éviter s'ils voulaient se protéger les uns les autres. Bien qu'Edward soit en total désaccord et en colère contre son frère, il aurait tout fait pour le protéger s'il était en danger et leur dispute les mettait tous en danger.

Nous n'avons qu'à prétendre que tout va bien. Bien que je sois en colère contre toi, tu sais que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger chacun de vous... même le monstre... pour Rosalie.

Edward avait conscience qu'appeler Mathilda de cette façon n'arrangerait pas les choses, mais il ne pouvait définitivement pas se résoudre à l'appeler par son prénom ou encore moins comme « la fille de Rosalie et Emmett » en sachant qu'elle désirait tuer son épouse.
Il attendit la réaction de son frère, bien qu'il en ait déjà une ébauche par ses pensées.

Emmett fut légèrement surpris de voir son frère débarquer devant lui. Il en avait mis du temps! La mine frustrée d'Edward ne l'étonna pas, par contre. Il avait toujours cet air sévère sur le visage, même lorsqu'il était enjoué, par contre, ce n'était pas difficile de voir que cette fois, cela ne lui faisait pas plaisir de le voir. Tout de suite, il commença en lui disant qu'il était inutile de passer le voir, qu'ils savaient déjà tous les deux ce qui se passaient dans leurs têtes. Il disait qu'Emmett ne regrettait pas ses propos, ce qui était à moitié vrai. En fait, Emmett regrettait surtout le ton qu'il avait employé, mais il pensait toujours ce qu'il avait dit. Qu'il le pense ou non, ce n'était pas là le problème. Les décisions en ce qui concerne Edward ou Bella, restaient entre Edward ou Bella, et Emmett n'avait pas son mot à dire, ça, il l'avait compris. Cela ne changeait absolument rien à ce qu'Emmett ou les autres pensaient. La liberté de penser, c'était un droit. Emmett avait fait connaître son opinion à son frère - qui la connaissait déjà, de toute façon - c'était une opinion, et non un ordre. Maintenant, Edward pouvait en faire ce qu'il voulait, Emmett n'était pas venu pour ça.

"Que je change d'avis ou non, que je regrette ou non, ce n'est pas ça l'important Edward. Dis moi, ce qui te fache le plus dans cette histoire, c'est l'opinion que j'ai, ou le fait que je ne sois tout simplement pas du même avis que toi? Parce que franchement, tu agis en bébé gâté en ce moment."

À peine ses mots eurent traversé le bord de ses lèvres, Emmett les regrettait déjà. Il soupira et regarda ses pieds. Il devait se contrôler, il n'était pas venu pour se confronter à son frère. En agissant comme un con de la sorte, il allait jeter de l'huile sur le feu et empirer les choses. Son orgueil avait prit le dessus durant quelques minutes, mais il se promit de se contrôler. Emmett avait toujours pensé qu'il détesterait posséder un pouvoir comme celui d'Edward, mais par moment, il aurait trouvé cela bien utile. À ce moment précis, il aurait aimé pouvoir lire l'esprit de son frère.

"Oublies ça, je suis pas venu ici pour t'insulter et tu le sais."

C'est là qu'Edward proposa une trêve. Faire comme si tout allait bien, pour le bien de la famille. Il en profita même pour dire qu'il ferait tout pour protéger la famille, même la petite chose, s'il le fallait. C'était tout ce qu'Emmett voulait entendre, à une petite différence près. C'était probablement pour cette raison que son frère lui disait ces choses, évidemment. Edward savait déjà tout ce qu'Emmett voulait, c'était donc facile pour lui de lui suggérer cette trêve. Par contre, Emmett ne lisait pas dans les pensées de son frère et celui-ci pouvait très bien lui mentir, afin qu'Emmett lui fiche la paix. Mais Emmett le connaissait assez pour savoir que le mensonge n'était pas dans les habitudes de son frère. Il y avait une seule chose qui clochait dans la proposition d'Edward. Emmett ne voulait pas faire semblant de se réconcilier avec lui il voulait vraiment que les choses s'arrangent.

"Écoute Edward, tu dois te ficher de ce que je pense, c'est tout. J'imagine que ça doit être chiant et réellement frustrant de m'entendre penser des trucs que t'aime pas, mais ça ne doit pas être une raison pour séparer notre famille en deux. Ça ne me fait pas plaisir, à moi non plus, de passer après une gamine que je ne connais même pas. Je dois faire avec les pensées de ma femme, qui ne vont pas dans le même sens que les miennes, ça ne m'empêche pas de l'aimer plus que n'importe qui d'autre. Maintenant, si tu préfères faire simplement semblant que les choses soient arrangées entre nous, c'est toi qui voit. Je suis pas venu ici pour faire semblant, par contre. Sauf que si c'est tout ce que tu peux m'offrir, je vais le prendre et faire avec."

Les premières paroles d'Emmett en réaction à l'accueil que son frère lui avait réservé ne faisaient que mettre de l'huile sur le feu, bien entendu. Edward n'avait déjà guère envie de voir son frère, mais si en plus celui-ci venait à l'insulter, il finirait vite par perdre patience. Il était trop bien élevé pour en venir aux mains, mais ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Emmett l'exaspérait à vouloir simplifier des choses qui étaient extrêmement compliquées et surtout, qui avaient plus d'importance qu'il ne leur en accordait. Edward en voulait à Emmett de prendre la transformation de Bella à la légère, comme si cela n'avait aucune importance, comme si cela n'avait aucune conséquence, comme s'il s'agissait d'une simple formalité. Il lui en voulait de ne pas considérer sérieusement la chose et surtout de ne pas essayer de comprendre le point de vue d'Edward à ce sujet. Il pouvait ne pas partager son idée concernant l'âme des humains qui venaient à être transformés, mais il pouvait au moins respecter le fait que ça soit le cas de son frère, et que pour cette simple raison, la transformation de Bella posait problème. Edward ne voulait pas se permettre de prendre quelque chose à son épouse sans qu'elle soit pleinement consciente de ce qu'elle allait perdre. Sans parler, bien entendu, des conséquences sur son couple, et de toutes les choses qu'il craignait à ce sujet.

Quoi qu'il en soit, Edward se renfrogna encore un peu plus en écoutant Emmett, bien que ce dernier regretta aussitôt ce qu'il avait dit. Il regarda ses pieds et soupira, réfléchissant, et Edward n'était pas décidé à l'aider à sortir de cette impasse, trop furieux même pour ouvrir la bouche pour l'instant. Toute cette histoire l'exaspérait et il n'avait qu'une seule envie, en ce moment : c'était de rester à l'hôtel avec Bella et de vivre comme si rien ne les menaçait. Il savait que c'était impossible, bien entendu, l'un comme l'autre bien trop inquiets pour leur avenir et celui de toute la famille. Mais cela ne lui déplaisait pas d'avoir une certaine intimité avec sa femme et de pouvoir profiter d'elle autant qu'il le désirait. Ils s'étaient fortement rapprochés depuis qu'ils étaient à l'hôtel et ce n'est certainement pas Edward qui allait s'en plaindre... sauf peut-être quand son épouse rendait son contrôle de soi totalement futile.

Emmett s'excusa à sa façon rapidement, disant qu'il n'était pas venu pour l'insulter. La pensée qu'il avait eu juste avant de parler surprit Edward. Emmett, vouloir lire les pensées des autres ? S'il n'avait pas été aussi en colère, Edward en aurait ri. L'idée qu'Emmett sache tout sur tout le monde était une idée parfaitement saugrenue aux yeux d'Edward. Il n'imaginait pas vraiment son frère gérer cela de manière respectueuse. Il était certain qu'il en profiterait pour avoir le dessus sur tout le monde, même si son intention ne serait pas mauvaise, juste farceuse. Quoi qu'il en soit, de son côté, il fut ravi qu'Emmett ne possède pas ce don mais garda cela pour lui.
Edward proposa alors une trève, ne voulant pas que par son entêtement, la famille ne soit plus en danger qu'elle ne l'était mais ne souhaitant pas pardonner son frère comme ça.

Emmett répondit alors que son frère ne devait pas faire attention à ce qu'il pensait, que cela devait être ennuyeux par moment, mais que ça ne devait pas être une raison pour séparer la famille en deux. Il lui expliqua que lui non plus n'était pas follement heureux de la venue et de la présence de Mathilda dans la famille, mais qu'il le faisait pour son épouse. Mais il ne voulait pas faire semblant avec son frère. Edward le regarda sévèrement. Ne comprenait-il donc pas qu'il faisait exactement la même chose avec son épouse ?

Je ne peux pas me ficher de ce que tu penses quand cela engage mon épouse, Emmett. Tu dis protéger ta famille et agir en fonction de ta femme parce que tu l'aimes. Je fais exactement pareil. Nos buts sont en opposition, à cause de Mathilda. Tu la protège et fais tout pour qu'elle reste parmi nous pour Rosalie. Certes. Mais laisse-moi faire ce que je dois faire pour protéger Bella. Elle est en danger avec Mathilda, je ne tolèrerai pas qu'elle soit constamment sous pression.

Il regarda son frère et scruta son esprit en quête d'une réaction, d'une compréhension peut-être.

Quant à la transformation de Bella, tu l'as compris c'est entre elle et moi. Cependant, je ne pourrai te pardonner que lorsque tu comprendras que ce n'est pas à prendre à la légère et que ce n'est pas quelque chose que je ferai sous une épée de Damoclès. Je ne le ferai pas parce que j'y suis obligé. Bella mérite bien mieux que cela et de plus, elle mérite surtout de choisir. Souviens-toi comme Rosalie souffre de sa condition, peut-être comprendras-tu ma réticence à ne pas transformer Bella avant d'être sûr qu'elle est parfaitement consciente de ce qu'elle fait et des conséquences de ses actes pour elle, mais aussi pour notre couple. Tant que tu ne comprendras pas cela Emmett, je ne pourrai faire que semblant de t'avoir pardonné. Je ne peux réellement le faire que si tu respectes ma femme, sa condition d'humaine et son libre-arbitre.

Edward se tut, ne sachant trop s'il devait espérer recevoir cela de la part d'Emmett immédiatement ou s'il n'avait aucun espoir de le voir un jour.

Quoi qu'il en soit, je ne mens pas lorsque je dis que je ferai tout pour protéger notre famille, y compris la tienne... cependant, Bella passera toujours en premier. Je pense que cela tu le comprends.

Emmett écouta attentivement son frère lui parler de Bella. S'il y avait une chose qu'il pouvait comprendre, c'était que son frère voulait le bien de sa femme, tout comme lui. Ils avaient ce point en commun et rien ne pourrait changer cela. Il fit un signe positif de la tête. Emmett n'était pas venu à l'hôtel pour demander à Edward de revenir à la maison. Il ne souhaitait pas qu'un malheur arrive à sa belle-soeur, lui non plus. Il trouvait que la solution de l'hôtel était une bonne chose. C'était plus sécuritaire pour tout le monde. Edward ne semblait pas comprendre qu'Emmett adorait Bella, lui aussi. Il l'aimait tellement qu'il avait véritablement hâte de pouvoir faire la course avec elle, faire des concours de force avec elle, chasser avec elle, il voulait qu'elle soit sa belle-soeur pour l'éternité. Pour Emmett, la transformation en vampire de Bella n'était pas qu'une nécessité, c'était aussi une aventure. Pour Edward, c'était clairement différent. L'un voyait les bon côtés de la chose, l'autre les mauvais, il n'y avait pas de juste milieu. Ce qui attristait le plus Emmett dans cette histoire, c'était qu'Edward, même en lisant dans ses pensées, le voyait comme un être sans coeur, alors qu'il avait tout simplement une vision différente. Il se contenta d'acquiescer de nouveau.

"J'aime beaucoup Bella moi aussi, Edward. Je ne voudrais pas qu'il lui arrive quelque chose, moi non plus. Ne pense pas que je me fiche d'elle. C'était son choix au départ, elle est la première à avoir ouvert le sujet de sa transformation avec nous. J'ai pensé que cette démarche faisait partit de son libre arbitre justement et que son choix était fait, je me suis probablement trompé. Maintenant, c'est à vous de voir, mais j'ai l'impression que ce n'est pas son libre arbitre qui soit en cause, mais bien le tiens. De toute manière, je ne me mêlerai plus de cette histoire."

Il balaya l'air du revers de sa main, encore une fois, il aurait probablement dut se taire. Puis Edward mit la situation de Rosalie sur le tas. Il demanda à Emmett de se souvenir à quel point sa femme souffrait de son état vampirique. Emmett le savait et en souffrait aussi. Cela faisait près de cent ans qu'il tentait de rendre la vie de son épouse plus facile, mais elle ne s'en remettait tout simplement pas. C'était difficile. Par contre, Rosalie n'avait pas choisi de devenir vampire, on le lui avait imposé, alors qu'elle était sur son lit de mort. Bella quant à elle, avait choisi cette vie avant même d'épouser Edward. Bien qu'ils se soient mariés pour célébrer leur amour, leur mariage n'avait été qu'une condition instaurée par Edward, au tout début. Un échange, Bella épousait Edward, Edward la transformait. Ensuite, Bella avait eut des doutes et Edward aussi, cependant, cela signifiait tout de même que Bella était plus qu'à moitié consciente de ce qui allait lui arriver, le jour venu. Il n'y avait donc aucun lieu de faire une comparaison entre Rosalie et Bella, la situation était différente. Si l'humaine n'était pas encore prête à faire le grand saut, Emmett pouvait l'accepter, mais cela n'avait rien à voir avec Rosalie. Emmett aussi n'avait eu aucun choix. On lui avait imposé cette vie de vampire, cependant, lui avait adoré cet état. C'était différent pour tous, point barre.

Bien qu'il fut un peu fâché de la comparaison d'Edward entre leurs deux épouses, Emmett comprenait qu'Edward attendrait que son couple soit à trois cent pour cent sûr de son choix. Il n'y avait plus rien à rajouter. Si son frère ne voulait pas lui pardonner le simple fait qu'il ait une opinion différente de la sienne, tant pis. Bien que pour lui, des divergences d'opinions n'étaient pas des raisons suffisantes pour se détester entre membre d'une même famille, il allait devoir tout de même faire avec. Rosalie et Emmett n'étaient pas toujours en accord, cela n'avait jamais mis en péril leur relation. Lorsque Bella était arrivée parmi eux, Emmett l'avait adoré, Rosalie non. Le vampire n'avait jamais eu besoin du pardon de sa femme à ce sujet, car elle savait autant que lui qu'ils ne pouvaient pas toujours partager les mêmes avis. Si Edward voulait continuer de lui en vouloir pour cette raison, c'était son choix. Il soupira.

"Très bien, alors je pense qu'on a fait le tour du sujet. Je vais rentrer à la maison. Nous te tiendrons au courant s'il y a des changements quelconques. Passe le bonjour à Bella pour moi. Dis lui que je suis désolé et que je ne voulais pas lui mettre de la pression. Expliques-lui que j'étais encore sous le choc du fait que ma femme venait de se faire lobotomiser le cerveau. Prenez soin de vous."

Sans en rajouter d'avantage, Emmett contourna son frère afin de poursuivre son chemin.

Emmett pensait qu'Edward s'imaginait que son frère n'aimait pas son épouse. Il n'en était rien, Edward n'avait jamais remis en question l'amour fraternel d'Emmett pour Bella. Là n'était pas la question et Emmett se trompait sur toute la ligne. De même, Edward n'avait jamais considéré Emmett comme un être sans cœur... bien que techniquement, ça soit le cas. Non, décidemment, Emmett et Edward n'étaient pas prêts de se comprendre aujourd'hui, apparemment il leur était difficile de leur faire quand ils se lançaient dans des sujets sérieux - ce qui, il fallait bien l'admettre, était plutôt rare avec Emmett.

Ce dernier prit la peine d'expliquer à son frère qu'il aimait Bella et s'en souciait. Edward acquiesça, il le savait déjà, évidemment. Il avança ensuite que c'était le choix de Bella de devenir vampire et que cela faisait partie de son libre-arbitre, point sur lequel Edward était à nouveau d'accord. Cependant, Emmett continua, disant qu'il s'agissait plus du libre-arbitre d'Edward que de celui de l'humaine et le vampire tiqua. Cela le dépassait qu'Emmett songe qu'Edward était suffisamment égoïste pour ne penser qu'à lui en premier. Edward connaissait suffisamment sa femme pour savoir que certains de ses choix n'étaient pas suffisamment réfléchis mais surtout basés sur des pulsions et des désirs, comme bon nombre d'humains somme toute. Cela n'était pas un défaut, néanmoins, Edward estimait qu'il était de son devoir de mettre en garde son épouse par rapport à quelque chose qu'il connaissait mieux qu'elle. Il savait qu'elle n'imaginait pas ce que devenir vampire signifiait réellement et bien qu'il ne doute pas de sa capacité à s'y adapter et à en devenir un qui serait à coup sûr merveilleux, il voulait s'assurer qu'elle ait vécu ce qu'elle souhaitait vivre en tant qu'humaine et qu'elle soit suffisamment prête pour abandonner des choses qui lui tenaient à cœur. Bella, de par sa condition humaine, était incapable de savoir si elle était prête ou non, puisqu'elle ne pouvait savoir ce que cela faisait d'être un vampire.
Voilà les raisons qui poussaient Edward à reculer l'échéance. Il ne souhaitait pas que le temps de Bella en humaine soit gâché par la peur. Rien n'était égoïste là-dedans, bien au contraire. Néanmoins, Emmett ne semblait pas le comprendre.

Edward soupira aux paroles de son frère. Il baissa les yeux et regarda ses chaussures l'espace d'un instant. Il préféra ne rien dire et en vint au sujet de Rosalie. Pour Emmett, cela n'avait rien de comparable car Rosalie n'avait pas choisi sa condition. Certes, mais bien que cela soit un choix pour Bella, elle ignorait toutefois tout autant que Rosalie à l'époque les conséquences que cela aurait, et une fois de plus, il était du devoir de son époux de l'y préparer.
Enfin, Emmett songea que la discussion était terminée. Il pensait toujours qu'Edward lui en voulait parce que leurs opinions différaient. Là encore, il se trompait. Edward lui en voulait seulement de ne pas respecter leur choix. Il avait été irrespectueux en disant à Edward de simplement transformer sa femme, comme s'il s'agissait d'une banalité, l'autre jour à la villa, lorsque Mathilda était apparue dans leurs vies. Là était le problème, pour Edward.

Alors, Emmett, ressassant ses pensées, persuadé que seules les divergences d'opinion dérangeaient Edward, alors que ce n'était pas le cas, coupa court à la discussion. Il lui dit qu'ils les tiendraient au courant des changements, et lui transmis un message pour Bella. Puis il tourna les talons et s'en alla. Avant qu'il ne soit trop loin, Edward répondit :

Tu n'as toujours pas compris... peu importe, le choix nous revient, je ne te demandais que de le respecter.

Sans en dire davantage, Edward se dirigea vers l'entrée de l'hôtel sans un regard pour son frère. Il n'était pas fâché. Seulement déçu. Maintenant, il se préparait à affronter la tempête « Bella » lorsqu'elle apprendrait que finalement, les choses ne s'étaient pas arrangées.

- Topic Terminé -

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